Quatrième jour : Matera et Tarente
Matera est une ville de Palestine égarée au sud de l’Italie ; une Palestine tout droit sortie d’un vieux livre de catéchisme, avec ses paysages de plateaux désolés et de collines arides, ses villages blancs assoupis sous le soleil, ses troupeaux de moutons au milieu de champs pierreux. Curieux destin pour une terre dont les habitants, il n’y a pas si longtemps, se croyaient exclus de la chrétienté. Eh oui, expliquaient les paysans du coin à Carlo Levi, jeune médecin turinois relégué ici par le pouvoir fasciste à la fin des années 1930, « Le Christ s’est arrêté à Eboli« .
Situé dans la région du Basilicate, Matera est l’exemple le plus remarquable et le plus complet d’un ensemble d’habitations troglodytiques de la région méditerranéenne, parfaitement adapté à son terrain et à son écosystème. La première zone habitée remonte au paléolithique et les habitations postérieures illustrent un certain nombre d’étapes importantes de l’histoire humaine.
Les Sassi représentent une agglomération urbaine unique au monde dans l’aride territoire de la Murgia.
Matera se dresse en effet sur un haut plateau calcaire avec une spectaculaire anomalie: un sillon central, un véritable canyon de 70/80 mètres, traversé par le torrent Gravina.
Le territoire de Matera fut habité sans interruption depuis le Paléolithique.
En ce qui concerne spécifiquement les quartiers des Sassi, ils sont nés vers la fin du XVème siècle.
Les populations qui se sont succédées ont laissé un système urbain complexe où les constructions se superposent aux cavités naturelles.
Depuis l’origine de l’agglomération de Matera, de nombreuses communautés religieuses se sont installées dans le territoire, en particulier dans la « Gravina » et la « Murgia ». Des bénédictins du VIIIe aux moines basiliens persécutés par les Turcs entre les XIIe et XVe, on relève de nombreux lieux mystiques et de culte plus ou moins grands, directement creusés dans la roche et encore bien conservés, qui témoignent de la présence constante de ces communautés. Aujourd’hui, on dénombre plus de 150 églises dans cette zone, toutes décorées de fresques et souvent difficiles d’accès. Celles-ci sont dispersées dans le territoire entre la campagne de Matera et les « Sassi », et parmi les plus importantes, se détachent celles de la Madonna dell’Idris, San Giovanni in Monterrone, Santa Maria de’ Armenis, San Pietro Barisano, Santa Lucia alle Malve (pas de photo!), Santa Barbara, la Madonna della Croce, et la Madonna delle Tre Porte. Le Parc Archéologique Historique Naturel de la Murgia et des églises rupestres du territoire de Matera a aujourd’hui le devoir de protéger ce patrimoine culturel.
Entre le XIXe et XXe siècle les quartiers des Sassi sont devenus la demeure des classes sociales les plus pauvres de la ville.
Elles ont ensuite déménagé dans un nouveau quartier, pour réhabiliter et assainir la zone.
C’est une Jérusalem de cinéma, une Bethléem pour grand écran. Dans ce décor pétrifié de façades blanches accrochées à flanc de ravin, Mel Gibson a tourné La Passion du Christ (2003). Bien avant lui, ce chaos urbain surgi de la nuit des temps avait été choisi par Pier Paolo Pasolini pour son Evangile selon saint Mathieu (1964). Dernièrement, les producteurs de Time Warner n’ont pas cherché longtemps où installer le tournage de La Nativité, l’histoire d’amour entre Marie et Joseph sortie en 2006.
Flore locale
Tarente
«La ville entre deux mers», c’est ainsi qu’on appelle Tarente, située sur une langue de terre qui sépare la haute mer « Mar Grande », de la rade, « Mar Piccolo ». Le canal artificiel qui les unie est franchi par le célèbre pont tournant
qui mène au cœur ancien de la ville Taranto Vecchia, avec sa Cathédrale de San Cataldo, le Castello Argonese, appelé aussi Castel Sant’Angelo, et d’autre témoignages de ses origines.
Les collections du Musée archéologique illustrent la période de la Grande Grèce jusqu’à la romanisation : il expose principalement du matériels provenant de tombes monumentales du IVe et IIIe siècles av. J.-C. tels un riche ensemble de figurines de terre cuite et des objets en métal précieux notamment des bijoux hellénistiques en or dits Ori di Tarento qui ont rendu célèbre le musée dans le monde.
Parmi les pièces d’exception se trouvent :
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un diadème à décor végétal ;
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un curieux nucifrangibulum (casse-noix) formé de deux avants-bras articulés en bronze lamé d’or ;
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des attaches de collier en or souvent formées de deux gueules de lion, motif que l’on retrouve aussi sur des bracelets et des bagues ;
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des boucles d’oreilles à tête de femmes et à nacelle ornées de pendeloques.
Beaucoup de bijoux proviennent de la nécropole de Canosa qui a livré des éléments de parure témoignant du raffinement de la bijouterie féminine à l’époque hellénistique.
A cette époque, l’orfèvrerie grecque est particulièrement florissante dans cette région des Pouilles. Le style végétal surtout, hérité de la Grèce du Nord, connaît un vif succès auprès des orfèvres et de la clientèle féminine. Les productions de Tarente sont abondamment exportées dans les régions environnantes, mais aussi en Campanie et en Etrurie. L’originalité est un facteur essentiel dans la création du bijou. Selon une tendance propre aux ateliers tarentins, la plaque de base est réduite au rôle de toile de fond, afin de concentrer l’attention sur les enroulements végétaux ajourés.
Et aussi ce lécythe trouvé à Tarente en 1942 et datant du quatrième siècle avant Jésus-Christ (entre 330 et 320), qui représente une femme à la toilette, contemplant son image dans un miroir.
C’est en 1934, qu’a été trouvée cette terre cuite polychrome du quatrième siècle avant Jésus-Christ représentant un numéro d’acrobate. Il était fréquent, pour distraire ses invités lors d’une réception, que l’on loue les services de musiciens, d’acrobates ou d’autres artistes de divers types.Cette statuette fixe le mouvement avec un grand réalisme et l’artiste a choisi en outre une pose à la plastique très esthétique.
Et des mosaïques …..
L’élevage des moules à Tarente, la mytiliculture a des racines lointaines. Ce type d’exploitation date du XVIe siècle et représente depuis toujours une importante ressource pour l’économie locale.
Tarente est aussi une zone industrielle au développement anarchique conduisant à une pollution mal maitrisée. Des dizaines d’années d’activités des industries lourdes et pétrochimiques ont pollué les eaux et les écosystèmes.
Pour compléter :
Matera :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Matera
http://whc.unesco.org/fr/list/670
http://www.lemonde.fr/voyage/article/2007/11/09/matera-un-decor-biblique_976504_3546.html
http://www.visitmatera.com/santa-lucia-alle-malve-12
http://www.youtube.com/watch?v=kQBz96TZa1U
Tarente :
http://www.jacqueslanciault.com/2012/12/04/le-tres-elegant-musee-archeologique-de-tarente/
http://www.italia.it/fr/decouvrez-litalie/pouilles/tarente.html#box_2
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/diademe
http://www.marmucommerce.com/fr/Le_20me_sicle.html